Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
L'école buissonnière (ou pas ?) de Silas et Anouchka
11 février 2010

Vie pratique

Face à l'étonnement, voire parfois l'air carrément navré et contrit de mes interlocuteurs non montessoriens quand je leur explique globalement en quoi consistent les premiers pas dans la pédagogie Montessori et notamment les activités de vie pratique, j'ai eu envie de réunir dans ce post quelques éléments de réponse qui m'aideront peut-être à présenter un peu moins mal les choses la prochaine fois et à les éclaircir auprès des-dits interlocuteurs qui fréquentent ce blog. Je commence par repiquer un extrait très éloquent du blog de PPP :

"Quand on met en place des activités de vie pratique, le but n'est pas de faire des enfants des verseurs de course, des cireurs de chaussures hors pair ou encore des lustreurs de cuivre de génie. Ce qui est important, c'est ce qui se construit à ce moment là, derrière la concentration nécessaire à l'activité.
L'activité en elle-même, n'est ni annexe ni quelconque, elle prépare sur le long terme des capacités dont l'enfant aura besoin plus tard, permet la concentration (je me répète, c'est vraiment important) et donne à l'enfant des capacités nouvelles dans sa vie de tous les jours. Peu m'importe de savoir si mes filles préparent la mise en place future de l'écriture en lavant une table comme j'ai appris à la faire à mon stage, ce qui est réellement important, c'est que ce geste répété peut lui faciliter cette acquisition plus tard et - en attendant - qu'il lui donne un pouvoir réel sur sa vie aujourd'hui : décider là et maintenant de ce qu'elle va faire sans que l'autorité d'un adulte n'interfère, apprendre à se concentrer et trouver la maitrise de gestes quotidiens."

100202_1002eComme PPP (encore elle), je me heurte régulièrement à la question du pourquoi reproduire dans la classe et dans un temps précis ces activités que l'enfant peut faire au quotidien et qu'il fait très souvent dans de très nombreuses familles dont la plupart n'a jamais entendu - pour autant - parler de Maria Montessori. Quel enfant n'a jamais participé au ménage au côté de maman ? Lequel ne s'est jamais exercé à verser et déverser avec des jeux de bain ? Pourquoi fabriquer un matériel spécifique pour apprendre à boutonner ou nouer alors qu'on peut apprendre directement sur son pyjama ou sur ses chaussures comme des millions de personnes ? Là encore, ce n'est pas tant l'activité elle-même qui importe - bien qu'elle aide l'enfant à s'approprier des techniques et à acquérir des compétences spécifiques qui lui servent dans son quotidien d'enfant et une maîtrise de gestes qui lui seront indispensables pour des apprentissages futurs - que l'état d'esprit qu'elle permet, une concentration intense, la possibilité d'être tout entier à ce que l'on fait, une liberté dans le choix du moment et du temps passé dessus, la progressive maîtrise de gestes du quotidien sans la pression du départ de la maison ("vite, on est en retard, vite, ferme ton manteau !") pour ne citer que celle-là.

Et puis, et puis, et puis, dans une vision plus globale de pédagogie Montessori à moyen ou long terme, ces activités permettent également à l'enfant :

- d'intégrer les principes de cette pédagogie au quotidien et de se préparer ainsi à tout le matériel qui va venir : on ne touche à un matériel qu'une fois qu'il a été présenté (et cela ne se passe qu'une seule fois* !) et on le respecte en ne le détournant pas, on peut alors le prendre quand on en a envie, aussi longtemps qu'on le souhaite, on travaille seul, sans gêner les autres et en étant concentré sur son activité, on range le matériel à sa place lorsqu'on a terminé, l'adulte ne jugera pas d'une quelconque réussite ou d'un éventuel échec, c'est l'affaire de l'enfant qui explore à son rythme ce qu'on lui propose.

- d'avoir à sa disposition des plages de repos de l'esprit dès qu'il sera confronté à des apprentissages plus ardus : l'enfant qui butera sur une autre activité restera confiant en ses capacités grâce à la possibilité qu'il aura de pouvoir les mettre en œuvre autant qu'il le voudra dans ces activités bien maîtrisées et reposant l'intellect. Il y retournera pour apaiser son esprit dès que le besoin s'en fera ressentir. Ces activités sont une bulle d'oxygène dans la démarche d'apprentissage, leur côté mécanique permet à l'enfant de se mettre en retrait le temps qu'il faut avant de revenir avec l'état d'esprit nécessaire à une nouvelle activité qui mobilisera davantage son intellect.

- d'intégrer à la classe des apprentissages de savoir-vivre et le souci des soins à sa personne et à son environnement : l'enfant prend conscience de lui-même et de ce qui l'entoure, concrètement, matériellement ; là commence l'apprentissage du respect, de soi, d'autrui, de la vie en général.

091203_1736a091203_1736c

(Silas lors de son premier "cirage" : oui, oui, il cire même la semelle ! Évidemment, je lui ai fait savoir tout de suite qu'on ne cire pas le dessous des chaussures mais voilà encore une preuve qu'avant la confrontation de la théorie de la présentation  préparée au mieux* à la pratique concrète de l'enfant, on ne peut pas savoir ce que celui-ci, vierge de toute expérience, nous réserve comme ce qui apparaitra comme une fantaisie à nos yeux d'adulte qui "sait")

* petite digression à propos de la présentation à préparer : celle-ci fut l'une de mes premières présentations à Silas et, emportée par mon enthousiasme et mon envie de lui présenter vite de quoi occuper ses séances dans la classe, je ne l'avais pas faite seule avant, convaincue que j'étais de la simplicité de la chose et de la perfection du matériel fraichement acheté. Résultat : j'ai du appeler le papa au secours pendant la présentation pour ouvrir la boite de cirage neuve trèèès récalcitrante, ce qui n'a évidemment pas incité Silas à se lancer les fois suivantes, sans compter que, déstabilisée par cet événement, je n'ai pas été des plus efficaces dans la suite de la présentation. Enfin, bref, je suis bien contente lorsqu'il lui arrive quand même, ce qui est assez rare et toujours très bref pour le moment, de choisir de faire cette activité malgré une présentation aussi boiteuse ! Il est impératif de bien préparer ses présentations, d'autant qu'en Montessori, on ne montre à l'enfant qu'une seule et unique fois, ce qui a pour résultat qu'avec l'habitude des présentations, l'enfant sait qu'il doit être vraiment attentif durant celles-ci.

Publicité
Commentaires
L'école buissonnière (ou pas ?) de Silas et Anouchka
  • Mon journal de bord dans cette belle aventure qu'est l'accompagnement de nos enfants sur le chemin de l'instruction : questions, réflexions, récits d'expériences, découvertes pédagogiques (Montessori, etc.) ou comment grandir en même temps que ses enfants
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Derniers commentaires
Newsletter
Archives
Publicité